Pop
Philippe Girouard, Laura-Anne Lamarche, Léonie Roy & Mélanie Trottier
POP envahit la banlieue comme un réseau de micro espaces publics motivant les déplacements actifs. POP génère opportunités, échanges et perméabilité en investissant les interstices délaissés entre les habitations. Ce nouvel aménagement provoque un événement éphémère, un café extérieur ou un atelier de yoga, « à la portée de vos pieds ! » Cet attrait temporaire casse l’homogénéité existante de la banlieue tout en proposant de nouvelles connexions à même le tissu suburbain. Sous la forme d’interventions ponctuelles stimulantes et vibrantes, ces aménagements sont flexibles et appropriables pour tous les résidants du quartier, encourageant ainsi la collaboration, le sentiment identitaire et, surtout, les déplacements actifs.
L’automobile domine inévitablement nos déplacements dans les milieux étalés. Elle est encouragée dans un environnement envahi d’opportunités de stationnement. La séparation des fonctions contraint la population à se déplacer passivement au quotidien. Les résidants «non motorisés» sont pris au piège dans des banlieues monofonctionnelles. Les distances à parcourir entre les différents pôles sont longues. Les paysages y sont homogènes, voire banalisés. Les rues sont larges, vides de trottoir et sinueuses. Contrairement aux milieux urbains plus centraux, la lisibilité du paysage y est ardue : il n’y a pas de point de repère, peu d’attraits. Dans ce labyrinthe de culs-de-sac, le piéton se retrouve désorienté.
Devant cette situation, il est difficile de motiver les sédentaires à sortir de chez eux pour pratiquer une activité physique. Pourtant, les déplacements actifs «offre[nt] le plus de potentiel pour amener la population mondiale de tout âge à augmenter son niveau d’activité physique» (Paradis, 2004). La marche, plus spécifiquement, constitue l’activité physique préférée des tranches de population les moins actives (Booth, Bauman, Owen, & Gore, 1997 : 17). La marchabilité des banlieues constitue donc un enjeu majeur pour encourager les plus jeunes comme les plus vieux à bouger davantage. Selon Bachiri (2012), la plus grande motivation des jeunes à se déplacer à pied, au-delà de la forme urbaine existante, est un point d’attraction à proximité. L’idée d’avoir une destination, une récompense, exercerait une grande influence quant à la pratique de la marche et du vélo chez les jeunes.
“A landmark lifts a considerable area around itself out of anonymity, giving it identity and visual structure”. (Tunnard & Pushkarev dans Ewing & Handy: 2009: 71)
POP exploite directement ce potentiel. L’intervention tactique s’immisce entre les maisons de banlieue pour reconnecter le réseau viaire en défonçant les clôtures, en explosant les piscines, et en traversant les terrains pour former un nouveau réseau de mobilité douce. Une structure légère, facilement adaptable est déposée sur un jeu de textures au sol organisant, à la fois, une zone de connexion et une zone d’appropriation. Contaminant le tissu monotone, POP investit la banlieue en révélant, dans l’esprit de l’urbanisme tactique, des espaces précieux entre les parcelles.
# H&Mdansmacour
POP se démarque par les services diversifiés qu’il apporte, rompant le caractère monofonctionnel du tissu dans lequel il s’inscrit. Que ce soit un atelier de yoga, une performance de cirque, l’antenne d’un commerce, un cinéma, un bar, un marché, une exposition, POP crée le temps d’un moment, un espace inusité, hors du commun. Il investit les lieux de façon éphémère pour troubler le quotidien des gens en leur offrant une plus value sous la forme d’un espace public vibrant à proximité. Son insertion agit comme précurseur d’une mixité nécessaire et d’une éventuelle densification douce en banlieue. Vous n’aurez plus à prendre la voiture pour aller chercher l’ingrédient manquant de votre recette : POP apporte l’épicerie dans votre cour !
# épluchette #karaoké #soiréeentrevoisins
POP encourage la spontanéité, la créativité et explore les potentialités des lieux. Sa grande force réside dans son adaptabilité. Le vaste choix des matérialités du sol permet d’y tenir différents types d’activités. Que ce soit pavé, bois, pelouse, sable ou même eau, le micro espace public prend place sur la rue. La structure, quant à elle, est à la fois signal et repère. Aménagée de façon modulaire, elle cadre la division de l’espace tout en permettant l’accrochage de lumière et de toiles, la création d’abris ou de kiosques. L’espace révélé et revalorisé peut maintenant devenir l’emplacement idéal pour une épluchette de blé d’Inde, une fête d’enfant, ou tout simplement un cours de danse en ligne. Basé sur la collaboration, POP stimule les échanges entre les résidants en mettant à leur disposition un espace manifeste aux multiples opportunités, à deux minutes à pied!
#«shortcut » chez le voisin
Inséré à des endroits stratégiques, POP crée un nouveau réseau qui améliore la perméabilité du tissu suburbain. La nouvelle connectivité orchestrée réorganise le réseau viaire labyrinthique de la banlieue en proposant des «raccourcis» piétonniers. POP brise les rues sans destinations, les impasses et les incongruités de la banlieue. S’immisçant entre les parcelles résidentielles, ce nouvel espace de partage transforme les rues larges et sinueuses en une multitude d’opportunités de connexions. Les emplacements du POP sont stratégiquement en lien avec les pôles majeurs de services, comme les centres commerciaux, les écoles, les immeubles à bureaux, les parcs, etc. Ces pôles ne sembleront plus autant éloignés, puisque par ces nouveaux liens, les déplacements actifs prennent une nouvelle logique. Ils deviennent plus courts, plus vivants et surtout plus motivants à utiliser par quiconque. Les enfants ne seront plus les seuls à couper chez un voisin pour sauver du temps, vous le ferez aussi !
#jeudebilles
À l’image de POP, la maquette mise sur la participation et la spontanéité. Sa base est une représentation abstraite de la forme urbaine de la banlieue par ses rues larges et ses maisons unifamiliales de même gabarit. Deux pôles sont discernables par leur différence et position aux limites des secteurs résidentiels. Les billes, que l’on peut s’amuser à faire rouler, représentent les installations temporaires qui prendront place dans les percements entre ces deux pôles. Une fois arrêtée dans un trou, la bille révèle le potentiel économique et social du lieu, le POP. L’implication d’un acteur externe (vous !) complète la maquette en révélant la dimension participative du projet. À vous de jouer !
POP transforme un milieu banalisé et labyrinthique en un environnement mixte, connecté, flexible encourageant les déplacements actifs. L’intensification qu’il produit initie un changement de mentalité sur la forme urbaine et la manière de vivre en banlieue. S’ensuivrait une densification douce autour des POP créant ainsi des pôles ponctuels mixtes au sein même du tissu. Un POP, c’est un ajout sympathique à vos vies!
Bibliographie
Allender, S., Cowburn, G., & Foster, C. (2006). Understanding participation in sport and physical. Health Education Research , 21 (6), 826–835.
Bachiri, N. (2012). 15 ans et la vie devant soi, Les déplacements actifs dans la mobilité quotidienne. Québec, Québec, Canada: École Supérieur d’Aménagement du Territoire et de Développement Régional, Faculté d'Aménagement, d'Architecture et d'Arts Visuels, Université Laval.
Dunham-Jones, E., & Williamson, J. (2009). Retrofitting Suburbia, Urban Design Solutions for Redesigning Suburbs. New Jersey: John Wiley & Sons, Inc.
L. Booth, M., Bauman, A., Owen, N., & J. Gore, C. (1997). Physical Activity Preferences, Preferred Sources of Assistance, and Perceived Barriers to Increased Activity among Physically Inactive Australians. Preventive Medecine (26), pp. 131-137.
L. Handy, S., M., Ewing, (2009) Measuring the Unmeasurable: Urban Design Qualities Related to Walkability, Journal of Urban Design, 14:1, 65-84
L. Handy, S., G. Boarnet, M., Ewing, R., & E. Killingsworth, R. (2002). How the Built Environment Affects Physical Activity, Views from Urban Planning. American Journal of Preventive Medicine , 23 (2S), 64-73.
Paradis, D. (2004). La forme urbaine auy service de la santé - Les relations entre l'environnement, la pratique de l'activité physique, la sédentarité et le surpoids -. Québec, Québec, Canada: École d'architecture, Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels, Université Laval.